Salariés et patrons de l'acier européen mobilisés contre la concurrence chinoise
15 February 2016 - 11:21PM
Bourse Web Dow Jones (French)
Plusieurs milliers de salariés et patrons de la sidérurgie
européenne manifestaient lundi à Bruxelles contre la concurrence
chinoise qui déverse sur le marché des produits à prix cassés.
Coiffés de casques blancs ou jaunes et revêtus de gilets aux
couleurs fluorescentes, ils brandissaient sous un ciel radieux des
banderoles blanches appelant à "garder les emplois forgés en
Europe" ou lançant un "SOS say no to MES China" (SOS pour dire non
au statut d'économie de marché à la Chine, nldr).
D'IG Metall --le puissant syndicat des métallos allemands-- au
français Force Ouvrière en passant par le polonais Solidarnosc, de
nombreuses organisations représentant les salariés faisaient partie
du cortège, co-organisé par Eurofer, la fédération réunissant les
industriels européens de l'acier.
"Nous sommes venus pour préserver les emplois, on est en mode
survie", a déclaré à l'AFP Jacques Rapp, 49 ans, cadre de l'aciérie
Arcelor Mital à Fos (sud de la France).
"Il faut faire quelque chose pour que les nouvelles générations
aient un avenir", a renchéri Henri Botella, délégué syndical
Central CFE-CGB également à Fos.
Une délégation d'Eurofer et d'Aegis Europe regroupant 30 secteurs
industriels: acier, aluminium, céramique, verre, panneaux solaires
notamment, et coorganisatrice de cette marche, devait être reçue
vers midi par le président de l'exécutif européen, Jean-Claude
Juncker.
"Nous manifestons par milliers à Bruxelles aujourd'hui dans le but
de transmettre un message clair aux dirigeants politiques de l'UE:
Dites OUI à l'emploi et à la concurrence loyale ! Dites NON au
Statut d'économie de marché pour la Chine !", a plaidé Milan
Nitzschke, porte-parole d'AEGIS Europe, dans un communiqué.
"La Commission est parfaitement au courant de la situation du
secteur de l'acier", a répondu une porte-parole de la Commission
européenne, Lucia Caudet, lors d'un point presse.
L'Union européenne est le deuxième plus gros producteur d'acier au
monde après la Chine, avec plus de 177 millions de tonnes par an,
soit 11% de la production mondiale, selon des chiffres de la
Commission. Quelque 40.000 emplois ont été perdus ces dernières
années dans un secteur qui emploie directement et indirectement
environ un million de personnes.
Lutte antidumping
Dans la ligne de mire des manifestants, outre le dumping pratiqué
par les sidérurgistes chinois, en surcapacités, les difficiles
discussions sur l'octroi à la Chine du statut d'économie de
marché.
La Commission européenne, qui négocie pour les 28 Etats membres, a
en effet ouvert le débat à la mi-janvier et doit prendre une
décision à la fin de l'année.
Si la Chine obtient ce statut, cela pourrait déboucher sur une
forte baisse de ses droits de douane, lourde de conséquences pour
tous les concurrents européens de "l'atelier du monde", des
fabricants de panneaux solaires aux aciéristes.
A son entrée dans l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) en
2001, la Chine avait été enregistrée comme une économie non
marchande, la question de son statut devant être réexaminée quinze
ans plus tard, en 2016.
Les gouvernements européens se sont également mobilisés sur la
question, comme le montre l'initiative inédite prise le 8 février
par les ministres français, allemand, britannique, italien,
polonais, belge et luxembourgeois, dans une lettre adressée à la
Commission européenne et au Conseil (représentant les 28 Etats
membres de l'UE).
"L'Union européenne ne peut rester passive lorsque l'augmentation
des pertes d'emplois et des fermetures d'aciéries montre qu'il
existe un risque important et imminent d'effondrement du secteur
européen de l'acier", ont averti ces ministres.
Le ministre français de l'Economie Emmanuel Macron, qui doit
également intervenir lundi au parlement de l'UE à Bruxelles sur
l'avenir de la sidérurgie européenne, avait mis en garde mi-janvier
contre "toute naïveté ou toute volonté de transiger", en se
prononçant pour "une logique de lutte antidumping très claire,
massive, directe".
Vendredi dernier, l'UE a annoncé l'ouverture d'enquêtes visant les
importations sur son sol de trois types de produits en acier en
provenance de Chine (tubes sans soudure, tôles fortes et acier plat
laminé à chaud), soupçonnés d'être vendus à perte et d'enfreindre
les règles de la concurrence.
clp/agr/at
(END) Dow Jones Newswires
February 15, 2016 07:01 ET (12:01 GMT)
ArcelorMittal (EU:MT)
Historical Stock Chart
From Jun 2024 to Jul 2024
ArcelorMittal (EU:MT)
Historical Stock Chart
From Jul 2023 to Jul 2024