Des proportions comparables de vapoteurs migraient vers le
tabagisme bien avant l'interdiction des saveurs!
MONTRÉAL, le 17 juin 2024 /CNW/ - La Coalition
québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT) dénonce la
désinformation colportée par la Coalition des droits de
vapoteurs du Québec (CDVQ) qui allègue que plus d'un tiers
(36 %) des vapoteurs auraient soit recommencé à fumer
(22 %), soit commencé à fumer (14 %) à la suite de
l'entrée en vigueur de l'interdiction des saveurs (autres que le
tabac) dans les produits de vapotage. La CDVQ se base sur un
sondage Léger qu'elle a commandé auprès de
1 001 Québécois.
Question principale
problématique
D'emblée, la question au cœur du sondage est problématique. En
effet, la question Q4 (« Depuis le 31 octobre dernier,
date de l'entrée en vigueur de la loi interdisant les saveurs,
avez-vous commencé ou recommencé à fumer la
cigarette ? ») n'inclut pas la possibilité de
répondre « je fumais déjà le 31 octobre
dernier » (mais uniquement : « j'ai
commencé », « j'ai recommencé »,
« je songe à recommencer » ou « je n'ai
pas refumé »). Selon la
Coalition, il s'agit d'une erreur méthodologique, la
question ayant été posée à l'ensemble des 235 vapoteurs de
l'échantillon pondéré qui comprend nécessairement les vapoteurs qui
s'adonnaient aussi à la cigarette avant
l'interdiction des saveurs (soit les « doubles
usagers »).
En fait, les doubles usagers représentent généralement
plus du tiers des vapoteurs. En 2022-2023 par exemple, le
pourcentage de vapoteurs canadiens qui étaient de doubles usagers
était près de la moitié (page 55).
Migration vers le
tabagisme : phénomène existant
Outre l'invalidité de la question au cœur du sondage
Léger, « ce que le sondage ne montre pas et que la
Coalition des droits des vapoteurs passe sous silence, c'est le
fait que la migration vers le tabagisme chez les vapoteurs est un
phénomène documenté depuis longtemps qui s'effectue indépendamment
des règlements, qu'il s'agisse d'ex-fumeurs qui font une rechute ou
de jeunes qui s'initient au tabagisme, »
dénonce Flory Doucas, codirectrice et porte-parole de la
CQCT.
En effet, d'autres enquêtes comme celles réalisées pour le
compte de Santé Canada
(bien avant le règlement québécois) montrent que des proportions
similaires de vapoteurs non-fumeurs (ex-fumeurs ou personnes
n'ayant jamais fumé) finissent par fumer. Par exemple, une enquête
d'Environics Research montre qu'à l'échelle du pays,
un peu moins du tiers (31 %) des vapoteurs non-fumeurs sont
devenus fumeurs entre 2019 et 2020, y
compris 35 % des personnes n'ayant jamais fumé et 26 %
d'anciens fumeurs. Une deuxième enquête indique que le tiers
(33 %) des vapoteurs non-fumeurs sont devenus fumeurs entre
2019 et 2021 (tableau 44).
Outre les rechutes vers le tabagisme et le double usage,
l'adoption du tabagisme parmi les vapoteurs n'est pas surprenante
dans le contexte où une multitude d'études démontrent que le
vapotage constituait une rampe vers le tabagisme chez les jeunes et
que le taux de vapotage est beaucoup plus élevé chez les plus
jeunes (12 à 24 ans) comparativement aux adultes (25 ans
et plus). De plus, les jeunes sont beaucoup plus enclins à
commencer à fumer que les adultes.
Mêmes tactiques que celles
utilisées par l'industrie du tabac
« La Coalition des droits de vapoteurs du Québec
emprunte les mêmes tactiques que celles utilisées par l'industrie
du tabac pour la propagation du tabagisme, soit l'usage de données
trompeuses afin de jeter le blâme sur une mesure de
santé, » remarque la porte-parole.
Dans tous les cas, « l'argument comme quoi
l'interdiction des saveurs aurait poussé une importante proportion
de vapoteurs vers le tabagisme ne tient pas la route, puisque
l'interdiction n'est généralement pas respectée et les saveurs
demeurent facilement accessibles, » explique la
porte-parole. Même le sondage Léger fait état
de la proportion considérable de vapoteurs (60 %) qui
continuent de s'approvisionner en produits de vapotage aux saveurs
interdites, par exemple dans les boutiques, les dépanneurs et en
ligne.
« Il est encore plus farfelu de penser que les vapoteurs
qui se languissent de leurs saveurs chercheraient à remplacer leurs
vapoteuses par des cigarettes alors que les cigarettes ne sont pas
plus aromatisées ! » précise Mme Doucas. Cet
argument s'ajoute à la série d'arguments absurdes de la CDVQ
qui sont contredits par la recherche la plus récente et les données
probantes.
Intérêts cachés
« Le commerce des produits de vapotage est lucratif et
c'est en partie cet argent qui finance les mouvements d'opposition
et de mobilisation contre la réglementation plus sévère, que ce
soit au niveau du Québec ou sur la scène fédérale, »
ajoute Mme Doucas. En effet, « il importe de
savoir que derrière la plupart des opposants à un encadrement plus
sévère se cachent des intérêts commerciaux, et c'est aussi le cas
pour la Coalition des droits des vapoteurs du Québec dont la
porte-parole est, depuis longtemps, impliquée dans l'industrie du
vapotage, » explique madame Doucas. Après avoir
annoncé que son ancien commerce était en faillite en raison des
mesures québécoises adoptées en 2015, cette personne a contesté la
loi. En fin de compte, la loi a été validée par les tribunaux et
les mesures contestées sont demeurées en vigueur. Pourtant, elle
est redevenue propriétaire d'au moins une franchise de boutiques de
vapotage en 2019.
De plus, l'agent financier pour les élections fédérales pour
Rights4Vapers (ou CDVQ), le penchant canadien de
CDVQ, était le président de l'Association des
représentants de l'industrie du vapotage (ARIV) fondée
notamment par les fabricants de cigarettes Imperial Tobacco
et JTI-Macdonald. Bien que la CDVQ (ou
Rights4Vapers) se présente comme étant une mobilisation
citoyenne, le groupe entretient des liens étroits avec l'industrie
du tabac, des groupes commerciaux libertaires et l'industrie
canadienne du vapotage. On trouve notamment parmi ses dirigeants un
professeur financé par la Foundation for a Smoke-Free
World de Philip Morris, le chef de la World
Vapers Alliance qui est financée par l'Atlas
Network (réseau anti-réglementation des frères
milliardaires Koch) et le chef de la Taxpayers Protection
Alliance (groupe façade de l'Atlas
Network).
Science sur le vapotage : de plus en plus de risques
pour la santé
Rappelons que de plus en plus de chercheurs expriment des doutes
quant à l'efficacité du vapotage pour la cessation tabagique et
appellent les autorités à réévaluer l'hypothèse de la
réduction des méfaits par le vapotage telle que définie par
l'industrie du tabac (par exemple, en misant sur l'exposition aux
substances toxiques et non sur l'émergence de maladies). En effet,
une récente méta-analyse publiée dans le New England Journal
of Medicine a trouvé que le vapotage comporte des
risques similaires à ceux du tabagisme pour ce qui est des maladies
cardiovasculaires, des accidents vasculaires cérébraux et des
dysfonctionnements métaboliques.
SOURCE Coalition québécoise pour le contrôle du tabac