Réalisé après un exercice 2012 relativement pauvre en acquisitions, le dernier rachat de Rubis (RUI.FR) met en valeur le rôle pivot de la croissance externe dans le développement du groupe de distribution et de stockage de produits pétroliers.



Faute de nouvelle acquisition, la croissance du groupe aurait sensiblement ralenti en 2013. Après un bond de 27,3% en 2011, le bénéfice net de Rubis est attendu en hausse de 29,3% en 2012, mais ne devrait plus progresser que de 10,3% cette année, selon le consensus des analystes réalisé par FactSet.



L'opération en Jamaïque saluée



L'intégration en 2013 des activités de distribution de carburant en Jamaïque du fonds d'investissement Blue Equity devrait redonner un coup de fouet à la croissance de l'entreprise et permettre de réaliser des synergies. L'activité représente environ 12% des volumes de sa division Energie, qui génère environ 85% du chiffre d'affaires de Rubis. Le groupe pourrait également récupérer pour 1 euro symbolique le dépôt pétrolier de la raffinerie de Petroplus Reichstett afin de le transformer en site de stockage.



Les investisseurs ne s'y sont pas trompés. La perspective de ces opérations a fait flamber de 17,5% le titre de la fin novembre au début janvier. Rubis a gagné environ 28% en 2012.



Le précieux concours du Paceo



Les acquisitions constituent l'un des moteurs de la croissance du groupe. Rubis est essentiellement présent sur des métiers matures, mais relativement peu sensibles aux variations de la conjoncture et générateurs de trésorerie. Ce qui lui permet de participer activement à la consolidation du secteur, notamment en profitant de la volonté des majors pétrolières d'apurer leurs portefeuilles d'activité.



Le groupe dispose de moyens supplémentaires grâce à son Programme d'augmentation de capital par exercice d'options, ou Paceo, qui lui permet de lever de nouveaux fonds et donc d'éviter de trop s'endetter. Dans le cadre de ce programme, Rubis émet de nouvelles actions auprès de la Société Générale (GLE.FR), qui se charge ensuite de les écouler sur le marché.



Et le cas échéant, c'est-à-dire en cas d'acquisition de plus grande envergure, Rubis peut également passer à la vitesse supérieure. A la fin 2010, le groupe n'avait pas hésité à lancer une augmentation de capital en bonne et due forme, d'un montant de 127 millions d'euros, pour financer en partie le rachat pour 214 millions d'euros des activités de Chevron dans les Caraïbes.



L'émission de nouveaux titres à court terme ne peut d'ailleurs être exclue. "Une 'petite' augmentation de capital (100 à 200 millions d'euros) au cours des prochains mois s'inscrirait dans la logique de la société de préserver son bilan pour poursuivre les acquisitions opportunistes dans un secteur de l'aval pétrolier en restructuration", a récemment estimé Natixis dans une note à ses clients. En comparaison, la capitalisation de Rubis s'élève à environ 1,7 milliard d'euros.



L'inconvénient de cette politique est évidemment qu'elle tend à réduire la part des actionnaires existants. Y compris celles de ses fondateurs Jacques Riou et Gilles Gobin, qui détiennent moins de 2% du capital.



Le pacte des pleins pouvoirs



Les deux responsables conservent toutefois le contrôle de Rubis grâce à un statut de société en commandite (SCA) qui leur donne pratiquement les pleins pouvoirs en tant qu'associés gérants, au détriment des autres actionnaires. En contrepartie, les deux associés sont responsables des dettes sociales de l'entreprise sur leurs biens propres. Ce qui les incite à ne pas trop laisser filer sa dette...



Pour renoncer à toute influence sur la gestion et la stratégie de Rubis, l'actionnaire doit donc avoir une grande confiance dans ses associés gérants. Cela semble être le cas, dans la mesure où le rapport cours sur bénéfice de l'action en Bourse n'est jamais descendu en dessous de 10, selon Société Générale.



Actuellement, cette confiance atteint même des sommets, ce qui pourrait inciter certains investisseurs à une plus grande prudence. La flambée de l'action ces dernières semaines a porté son ratio cours sur bénéfice à plus de 18, selon FactSet. Or selon Société Générale, ce cours s'est en moyenne inscrit à 15,5 depuis 1997.



-Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71; ambroise.ecorcheville@dowjones.com

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